Si vous pensiez tout savoir des loup-garou, attendez de L’avoir rencontré pour poser un avis définitif sur la question. Chaque race, on le sait, produit ses brebis galeuses, ses énergumènes qui font hausser un sourcil aux anciens, ceux qui semblent ne pas véritablement venir du ventre de l’espèce. Il est ce mouton noir : un loup-garou sans meute, sans attaches, sans loyauté.

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Ce n’est pas faute, pourtant, d’avoir eu une bonne éducation. Jeune louveteau élevé par une meute somme toute respectable, le jeune homme a grandi dans les forêts luxuriantes de Ziemiara. C’était le temps du bonheur, quand les bêtises étaient acceptées, que l’on pouvait courir après les autres petits parmi les arbres et faire le plus innocents des sourires pour se faire pardonner d’un biscuit volé chez la voisine.

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Puis il a fallu grandir, devenir obéissant, loyal à la famille… Et c’est là que les choses se sont faites compliquées. Il ne ressentait pas cette envie de se plier aux ordres. Il n’en était pas pour autant un Alpha, bien qu’il en ait le mauvais caractère. Il ne voulait pas diriger non plus. En fait, il voulait juste faire sa vie, aller voir de l’autre côté des frontières, regarder le monde et le sentir sous ses pattes. Il n’avait pas vraiment envie de rester avec les semis-canins tout au long de son existence. Pas qu’il ne les aima pas, non… C’était comme ça. C’était l’appel, au fond de ses tripes. Celui de la forêt, de l’aventure, de demain.

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Alors il est parti, un soir, sans dire au revoir. Parce qu’on ne l’aurait pas laisser quitter la meute, parce qu’on l’aurait cherché, probablement trouvé et sûrement durement punit. Il n’est jamais revenu. Il a abandonné son prénom et son nom sur le pas de la porte, comme un manteau que l’on dépose pour en emprunter un autre, plus souple. Il est devenu Loup. Un anonyme, un nom simple, fluide, identitaire : Loup, le loup. Celui qui marche seul avec la lune. Oh il a bien un autre nom, un vrai… Mais ceux qui ne savent par hurler aux étoiles seraient bien en peine de le prononcer.

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En chemin, il s’est fait les pattes. Il a eu à défendre sa vie, il a vu le beau comme l’abjecte, il a ri et pleuré. Il s’est fait un peu voyou, servant de son intérêt avant celui des autres, mais en même temps un peu poète. Il est resté le regard pétillant de curiosité, à la recherche d’un il ne sait quoi sur une question qui n’a jamais véritablement pris mots. Pour l’approcher, peut-être peut-on dire qu’il cherche à « savoir qui il est » mais on sera bien loin de son exactitude ressentie.

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Toujours est-il qu’il va, observe, apprend. Curieux des autres sans être naïf, faisant preuve d’une méfiance et d’une indépendance toute animale. Loup reste un loup et en ça, il n’aura jamais confiance qu’en les siens, quel qu’ils soient. Car oui, il n’exclut pas de rencontrer un jour une meute, différente mais véritable à son cœur. Celle qui saura lui rendre sa loyauté manquante.... Mais est-ce un véritable désir ou un reste d’une honte portée dans sa chaire de garou ? Lui-même l’ignore et à ça aussi il cherche réponse.

Réponses et questions. Indépendance. Force de caractère. Le voilà, fier, libre. Mais ne vous y trompez pas : il est un électron libre, certes, mais non aveugle ou sans jugement. Il sait les complots qui se trament dans les royaumes comme au sein de son peuple. Il déplore les uns comme les autres... Et peut-être un jour prendra-t-il position et crocs dans les évènements qui s’apprêtent à marquer la marche du monde.

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En attendant, il se contente d’ouvrir de grands yeux innocents, des yeux de loup, pour se faire pardonner un pot de lait volé dans une ferme.